vendredi 10 avril 2009

Im A Bird Now (Grand Rex - 9 avril 2009)

Mon sempiternel « il était une fois … » ne s’applique que trop bien à ce qu’Antony est : un poète et narrateur moderne. Il était une fois donc un homme en passe de devenir une femme, une voix hors du commun, plus d’émotions et de couleurs que beaucoup beaucoup beaucoup d’autres. Il était une fois, un groupe parfaitement en osmose sur une scène mythique où Björk et Sigur Ros ont évolué. Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, le grand Antony et ses Johnsons sans fioritures et blagues d’apparats au Grand Rex. 

Il est près de 19 heures quand je quitte le bureau après une journée stressante et surtout bien remplie. Je me dirige vers la salle non sans engouement, des mois voir des années que j’attends cela. Mon cher époux m’attend loyalement devant l’entrée, le temps de se sustenter, on retrouve sa mère et sa sœur pour entrer dans l’arène. Tout autour de nous n’est que bobo, intelligencia parisienne de sortie. Nous nous asseyons au 4ème rang devant la scène, extrêmement bien placés bien qu’Antony ne mérite pas le coup d’œil si vous voyez ce que je veux dire (il n’est pas très beau, ni très communiquant). Bref, quelques instants plus tard tout Givenchy se place derrière nous et le rang d’après ça n’est nul autre qu’une des sœurs de CocoRosie qui se place. Très spécial d’être au milieu de gens « connus », surtout de se dire qu’on va voir la même chose qu’eux… 

Les lumières s’éteignent et une espèce de folle furieuse momifiée fait des chorégraphies burlesques. Antony et ses frasques, il choisit ses premières parties. Elle me rappelle la première partie de CocoRosie dans cette même salle : inutile, stupide, surfait. Je me penche vers ma moitié pour lui demander si je suis la seule à trouver le temps long. La folle enlève ses lambeaux, se balance de la peinture sur le corps et fait l’oiseau… Et le finale se fait dans un éclat de rire général entre mon complice et moi tant on frise le ridicule. Il faut vous imaginer des mouvements répétitifs, pas intéressants, un costume absurde, une musique agaçante. On ne comprend rien à l’art moderne je crois ! Tout cela n’a heureusement duré qu’une demi heure… 

A 21h pas le temps de dire ouf que le groupe se met en place très vite suivit d’Antony. La première chanson se fait dans le noir pour lui, dans la pénombre pour le groupe. Le ton est donné : seule la musique compte. Pas de scénographie à part cette grande tenture en fond ornée d’un « dessin » réalisé par Antony lui même. Mes poils s’hérissent dès les premiers accords sur les violons. Je suis déjà incapable de me souvenir du titre. En fait il me semble que c’est Where Is My Power. Il figure sur le premier EP extrait du dernier album (The Crying Light). La suite se fait sur un merci, deux trois accords de piano submergés par une énorme salve d’applaudissements… Premier morceau de l’album : Her Eyes Are Underneath The Ground. Complètement envoutant : Antony a la voix qu’on entend sur les CD. C’est un instrument à lui seul. Puis arrive le très attendu Epilepsy Is Dancing (premier single du dernier opus). Sa voix monte à chaque note, je suis complètement dedans, les bras façon chaire de poule… Il est a noter tout de même que le son n’est pas si déplorable qu’on ne pourrait le penser (le Grand Rex ne se prête pas vraiment à ce genre d’exercice). One Dove (troisième piste du dernier, il joue dans l’ordre) est un peu en dessous, ça n’est pas le plus grand du plus grand. Ce qui est un peu ennuyeux c’est que l’impression, de n’avoir droit qu’aux récentes, prend de plus en plus de place. C’est à se demander si l’on aura du premier album éponyme ? Et contre toute attente c’est les larmes qui montent dès que j’entends les premières notes de For Today I’m A Boy (du meilleur album d’Antony à savoir I Am A Bird Now). Je me retourne vers mon meilleur ami, je le dévisage quelques instants, lui aussi semble heureux. Avoir attendu si longtemps un concert me retourne l’esprit : la totale béatitude ou la déception complète ? Tout est dans le retenu, il hésite, ponctue de quelques merci qui font sourire l’audience captivée. Après cette parenthèse old school c’est un nouveau titre : Kiss My Name. Grande surprise car à l’écoute chez moi il ne m’avait pas paru génialissime. En live, c’est une autre paire de manches, le morceau se déploie et me fait vibrer. S’enchaînent Everglade, Another World, oui suivons Antony dans un monde plus pur, plus beau, nouveau. Shake that devil… La salle s’envole à l’unisson. The Crying Light, c’est l’atterrissage en douleur, en douceur. Antony a perdu son amour il le chante dans I Fell In Love With A Dead Boy. Suspendu avec sa voix, on ne peut que l’écouter déverser des flots de douleur si bien emmitouflée dans une orchestration impeccable (basse, batterie, saxo, flute traversière, violons et contre basse). Maintenant, c’est mon moment, notre moment à mon amour et moi, dès que la batterie commence, dès que le piano chante, on hurle de joie et les larmes coulent le long de mes joues : Fistful Of Love. Cette chanson c’est juste… la plus belle d’Antony. Il y parle pourtant d’un amour masochiste qui transparaît par la métaphore du fistfucking (poing mis dans l’anus). A ma droite un mec ne peut s’empêcher de faire danser ses mains pour marquer le rythme très saccadé. Je hoche la tête avec un regard apaisé en direction de cette homme (orthographe choisie). Sans nul doute le meilleur moment du concert en plus la chanson est longue, on est transportés sans problème sans longueurs ou raccourcis. Il essaie de faire le début de You Are My Sister (au passage, c’est marrant parce que la sœur des CocoRosie présente avait tourné dans le clip). Malheureusement il trouve que son piano sonne mal, ce n’est pas la première fois du concert où il s’y reprend avant de recommencer, mais bon ça ne choque personne. Alors à force il joue Hope Mountain (présente sur l’EP Another World si je ne m’abuse), enfin il met son temps parce qu’il parle pendant 10 bonne minutes de Jésus dont il était amoureux jusqu’à ses 27 ans. Il finit par nous dire que Jésus va revenir incarner en femme parce que les femmes sont les figures absolues de l’amour et de la paix… A méditer ? Je suis un peu transie, je voulais vraiment You Are My Sister. Pas le temps de me prendre la tête : il la joue après. Les larmes, toujours là, elles ne sècheront pas pour Twilight (mention spéciale tellement, elle aussi est transcendante). Il finit sur Aeon du dernier. Se lève, salue. Mon dieu, ça ne peut pas être finit, lui qui ne fait jamais de rappels. Non. 4 minutes après un tonnerre d’applaudissement, une foule en délire debout qui siffle, crie, ils reviennent. C’est alors que les requêtes fusent : du Piaf, du Brel, du … Obispo (?). Il fait des vocalises et nous dédicasse celles-ci « Song for Paris ». La fin c’est l’apothéose : Cripple And The Starfish (du premier album) et Hope There’s Someone. Mes joues sont rouges, mes yeux enflés. Je ne peux plus m’arrêter. Il se lève, salue et sort. La salle se rallume. 

Je sors le sourire aux lèvres. Je crois que j’ai oublié des morceaux. Je sais juste que j’ai vécu un moment hors du temps à rêvasser à mes amitiés nouées et perdues, à mes amours naissants, à la beauté de l’humanité. Cela peut faire too much mais voir Antony c’est comme être au paradis : un dieu vivant avec une voix qui touche nos âmes et qui nous fait vibrer les tripes, nous arrache la gorge et les larmes. C’est sans conteste le plus beau concert au niveau émotion qu’il m’ait été donné de voir. Je vous laisse donc le soins d’écouter cet ange, de le voir en live. On n’aime ou on n’aime pas, une chose est sure il est talentueux et continuera de m’émouvoir pendant des décennies.

vendredi 27 mars 2009

Un jour, je parlerai moins jusqu'au jour où je ne parlerai plus …

Il y a quelques jours, une éternité, que le grand poète Alain Bashung nous a quitté. Dernier bastion d’une verve verbale savamment maîtrisée, il aimait déranger nos petits esprits avec des textes emprunts d’une mélancolie noire. 

Pendant des années, il a connu les galères des artistes en herbe mais une oreille avisée tombe sur Gaby Oh Gaby et c’est le décollage. Il traverse les années se faisant discret de sa personne, laisse en pâture des morceaux d’une force inouïe. Petite dans les années 90, j’ai connu tout ses succès (Gabby, Ma Petite Entreprise, Madame Rêve...), avec une grande tendresse pour La Nuit Je Mens qui a bouleversé mon idée de la chanson française. Vacillant, Bashung manie les mots avec une dextérité qui lui est propre ne laissant pas indifférent qui l’écoute. Les professionnels lui reconnaissent un talent incomparable. Hériter des poètes d’antan on le couvre de récompenses diverses.

En 2008 il revient malade, atteint d’un cancer. N’en déplaise, ses textes de Bleu Pétrole sont égaux à ceux que l’on connaît. Résident de la République passe tout le temps à la radio, le « chais pas pas pas » résonne dans ma tête. Pour les Victoires de La Musique, c’est un homme affaibli mais sur ses deux jambes qui se voit recevoir 3 prix (artiste masculin de l’année, l’album de l’année, meilleure tournée). Bashung accède ainsi au Panthéon : 11 victoires pour une carrière. Le plus primé de tous nous fait part en direct de son émotion, silence autour, probablement la dernière apparition du poète à la TV.

Puis les dates s’annulent une à une, son état de santé se détériore. Un ami m’a dit l’avoir vu parlé à Matthias (Dyonisos) et lui dire qu’il faisait trop froid, qu’il fallait se couvrir. Il se sentait partir au dire des proches. C’est donc entouré de ses proches qu’il nous a quitté… Laissant derrière lui un sentiment amère d’inachevé, un grand vide à combler.

S’il a fait la saison dans cette boîte crânienne, il nous laisse danser avec des malentendus.

jeudi 8 janvier 2009

Slumdog Millionaire : all i wanna do is (gunshot) and then (shling) and take your money

DANNY BOYLE pour ceux qui l'ignorerait il s'agit d'un réalisateur très particulier, avec un univers visuel hyper marqué, notamment dans ses anciens films Trainspoting (excellents Robert Carlyle et Ewan McGregor) sur la drogue dans les années 90 où déambule une jeunesse paumée et paumatoire, 28 jours plus tard (très belle BO avec Godspeed You ! Black Emperor, Grandaddy... et Londres vide) qui nous plonge dans un huit clos avec des zombis qui terrassent la civilisation anglaise et Sunshine (visuellement génial, le pitch pourrit) ou comment sauver le soleil si vital à notre Terre. Il y eu aussi La Plage (Canet, Ledoyen, Di Caprio) un peu too much, trop « aware ». Pas besoin de préciser que je suis un grand fan de l’esthétique dégagée.

Donc dans un grand cinéma parisien, avant première de Slumdog Millionaire... Ce dont ça parle : dans une Inde prolétaire et divisée, un jeune homme, Jamal Malik, arrive aux portes de la gloire en répondant correct aux difficiles questions de "Who want to be a millionaire?" (équivalent de "Qui veut gagner des millions") se retrouvant ainsi à la tête de 20 millions de roupies. Malheureusement, comme ce petit serveur de thé vient des couches prolétaires du taudis de Mumbai, il est vite taxé de tricheur et se retrouve face aux flics, c'est là qu'on devinera comment il a pu répondre à tout et son histoire d’amour compliquée. « La réponse ne fait pas partie du jeu mais la réponse est passionnante » (dixit le pitch officiel).

Tiré d’un roman de Vikas Swarup (« Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire » publié aux Editions Belfond), le film nous donne a voir le paradoxe entre deux mondes le tout dans une Inde en développement où tout le monde ne trouve pas son compte et sa place. C'est un mélange de Bollywood et de Trainspoting, c'est pinçant et poétique, l'image est toujours magnifique, un grain si particulier, très froid, très spécial. Des scènes très belles, des épopées rocambolesques... Un vrai road movie, une histoire d'amour, de fraternité, une vraie escapade qui donne des ailes alors qu'on vit entourés d’arrivistes prêts à tout pour leur petit bonheur et leur confort personnel.

Bref je le conseille. Même si vous n'aimez pas l'histoire, le film est magnifique dans la façon dont il est tourné et ... la BO est, entre autre, confiée à M.I.A. avec son excellent Paper Planes !

 

Top 2008 façon Inrocks

Artiste de l'année

Radiohead

Album de l'année

For Emma, Forever Ago – Bon Iver

Morceau de l'année

Wait For The Summer - Yeasayer

Clip de l'année

Jimmy - Moriarty 

Concert de l'année

Yeasayer à l'Olympia

Party de l'année

My B-Day Stolen Party 

Film de l'année

Valse avec Bashir 

Acteur/actrice de l'année

Je dirais sans aucune hésitation Javier Bardem.

Série de l'année

Cold Case : pas besoin de tout voir

Bouquin de l'année

Oula pour choisir je dirais … Glamorama d’Ellis

Expo de l'année

Richard Avedon au Jeu de Paume.

Blog/site de l'année

Facebook tiens donc.

Vidéo de l’année

J’adore les robins des bois même si ça n’est pas de cette année.

Groupe facebook de l'année

If Sufjan Stevens Was Perfume … I’d Wear Him Everyday

Participant à une téléréalité de l'année

TOUS LES GENS DE CONFESSIONS INTIMES.

Politique de l'année

Dray, le mec du PS et sinon Obama !

Héros de l'année

PPDA qui se fait virer et reste courtois, mais en fait non et le mec élu aux States … Obama nan ? Ouais je crois.

Looser de l'année

PPDA et Mac Cain.

Gros cons de l'année

Sarkozy, Bush … Et tant d’autres

Imposture de l'année

Sarkozy, Bush … Julien Doré !

Revival de l'année

Les Spice Girls, tuées dans l’œuf.

Mot de l'année

Tsé / Wesh

Phrase de l'année

C’est d’une logique assez implacable / On fait quoi ?

Sms de l'année

« Fouille moi le cul » de mon meilleur ami

Mes textos ivres pour dire je suis bien rentrée avec 14 y un Z des X

Image de l'année

Mes photos d’Islande, même en étant nulle elles sont belles !

Plat de l'année

Boulettes de kefta (je cuisine).

Habit de l'année

Mon haut récemment acheté chez Pull Bear, à Strasbourg pas Paris.

Obsession de l'année

Partir en Islande et j’ai atteint mon but.

Honte de l'année

Ségolène et son fraternité… Pauvre Ariane Mnouchkine !

Cuite de l'année

Aucuns souvenirs, je devais donc être ivre morte !

Meilleur souvenir de l'année

Un baiser

Meilleur(e) ami(e) de l'année

L’album () de Sigur Ros et mes 4 vrais meilleurs amis !

lundi 24 novembre 2008

There's A Long Long Road To Reach ... (Laiterie - 21 novembre 2008)

Il était une fois Morgane et Mark qui vont faire des courses, après s’être vus à poil surtout pour Morgane… Tout ça en écoutant les speechs trop rapides d’Oliver qui était médecin à Sidney où il à rencontré Raphaël lors d’une soirée en slip. Bien sur à l’issue de cette aventure nos deux M ont réalisés qu’ils n’étaient pas fait pour être ensembles et décidaient d’assouvir leurs fantasmes sexuels sur des Bretzels (plutôt grands et larges) ou des pandas en peluche… Mesdames, mesdemoiselles, messieurs… Cocoon à la Laiterie !

Arrivée de Paris, une heure avant le concert, j’ai tout juste le temps de poser mes affaires chez mon amie... Direction la resquille (bou je ne paie pas boubou) et le tram de Strasbourg. Première embuche : après un trajet entre neige et rame blindée, nous voilà contraintes de descendre sous cette avalanche de neige pour faire les quelques centaines de mètre qui nous séparent de la salle. Une fois de plus j’aurais bravé les éléments pour eux. Nous voilà donc, à faire la queue sous un tourbillon de neige, constellées comme tous, la tête vissée dans nos bonnets et les manteaux au menton. On attend quelques minutes et nous pénétrons le « nunu » de la salle. Deuxième embuche : l’amabilité du staff avec qui nous parlementons pour réussir à parler (boulot) avec les deux. Finalement, à force d’huile de coude, et de ce charmant Damien, nous montons saluer les deux pandas (et l’équipe au complet)… Voilà une preuve en plus de leur dispo : même s’ils sont en pleine préparation, ils prennent quelques minutes pour nous parler. Nous redescendons, de peur de trop déranger, pour se mêler à la fosse…

Première partie … ? Little. C’est pourri. Une gamine pré pubère qui chante dans l’aigue avec ses accords maladroits. La seule chose que je lui envie, c’est de savoir jouer de la guitare (en tout cas mieux que moi). Musicalement, ça me rappelle Priscilla, enfin ça me donne l’impression d’avoir une jeunette de 12 ans avec sa voix nasillarde. Adieu mes oreilles… C’est pourquoi, avant même la fin de la première chanson nous allons siroter des collations dans le petit bar cosy (les chaises en ferrailles de toutes les couleurs sont très à mon goût). 

La salle est comble. On attend derrière un géant de 2 mètres, on est excentrées sur l’extrême gauche mais ma posture mentale (la positive attitude) m’empêche de commencer à désespérer. J’adore l’ambiance pré concert : observer les gens et leurs têtes, voir l’impatience se frayer une place sur leurs visages. Bon, là mes voisines directes n’attendent qu’une chose… Mark. Devenu un phénomène de foire : non pas que je ne comprenne pas qu’il puisse plaire, je trouve ça dommage d’apprécier pour le physique et non la musique. Je note au passage qu’après aucun fond (comme au festival des Inrocks à la Boule Noire), un petit écran (par exemple en première partie d’AaRON en Belgique), on a là trois écrans en forme de polaroïds. Les lumières s’éteignent et Oliver (musicien australien comme on l’apprendra plus tard) débarque avec un petit ukulélé, histoire de nous mettre en jambe dans l’esprit Cocoon. Il est suivi de Morgane, puis de Raphaël et enfin (instant hystérie chez mes voisines et dans la salle) de Mark. Le concert commence de but en blanc avec Hummingbird : There’s A Long Long Road To Reach Your House… Là, je tend l’oreille pour avoir une première impression de ce quatuor. Les ayant vu déjà 7 fois, mais toujours seuls, je suis curieuse de voir la nouvelle formule qui ne fait visiblement pas l’unanimité. Cette chanson n’est pas ma préférée, trop personnelle je n’arrive pas à me l’approprier. Verdict : elle passe plutôt bien mais elle ne me plaît pas plus que ça. Ce que je juge c’est l’ambiance, la réactivité du public, et là comme d’habitude ils sont au rendez-vous. Onde d’applaudissements dès le dernier accord. Ils se présentent comme Cocoon (ah bon?), nous présentent Oliver et Raphaël (beaucoup trop grand celui là). L’enchainement, je crois, se fait sur Vultures And In The Places Where You’ve Been. Alors là, ben j’ai pas aimé le côté à 4. Parce que d’abord c’est l’une de mes préférées et que les applaudissements pas en rythme l’ont plus ou moins gâchée, ça n’est pas trop grave. Le second problème, c’était que la batterie était trop mise en avant au niveau du son et ça étouffait un peu les autres instruments. Et les connasses de groupies avec leurs portables qui envoient des textos « le chanteur est trop magnifique » à leurs copines … Bonjour les perturbations dans les baffles. Merci les filles. Se greffent les perturbations avec les appareils photos, n’en parlons pas. Je fais un aparté pour dire que voir des bras levés dans tous les sens pour mitrailler, ça pollue le champ de vision de ceux qui veulent juste regarder… Pour en revenir à Vultures, c’était gâché par un réglage de son, trop de batterie, pas assez de guitare alors qu’elle reste très importante pour le rythme de la chanson. Mark et Morgane prennent la parole pour nous expliquer que le second album est en route et aura pour thème les animaux marins (ah bon ?) parmi lesquels des surfeurs (si mes souvenirs ne s’emmêlent pas trop). Je retrouve cet humour pourri, qui meuble, très bien, les entre chansons. Sushi déboule,Poney Riding Shushi Cooking, là le son est bon, la chanson est superbe. Rien à redire, tout le monde est attentif et semble sous le charme. Noël arrivant, ils sondent le public sur le fait d’aimer cette fête ou pas, tout le monde dit « oui ». Raté, eux ne l’aiment pas : sauvons des sapins allons faire des câlins aux voisins. Là aussi, le fait d’être à 4 m’a fait bizarre, moins de minimalisme, la musique de Christmas Song devient plus théâtrale, plus show, moins pure. Parce que cette chanson c’est quand même très triste, pour moi c’est le symbole de l’innocence et la mettre en scène me la rend moins personnelle. La suite c’est l’instant chevreuil où les deux se retrouvent seuls sur scène (dieu merci). Training de Grrrrroaaar général sur le And A Dinosaur, mais à Strasbourg ceux sont des chatons qui miaulent. On aura deviné Paper Boat où Mark démarre en rythme (enfin) avec les bruits du piano de Morgane. Tonnerre d’applaudissements, en plein milieu, ça me rappelle Sigur Ros où les gens se permettent d’applaudir alors que la chanson n’est pas finie… Then SeesawI Used To Be A Son Of A Bitch, que dire de cette chanson ? Elle est tellement triste que la salle se calme d’elle même pour laisser place à la lourdeur du morceau. Ce qui me terrifie, c’est qu’on sent que le groupe à pris de la maturité, que les chansons sont devenues indépendantes, genre deux entités, pas de liens, comment décrire ça ? J’apprécie le fait que justement tout ça change, bouge, évolue mais, par dessus tout, qu’ils restent tous les deux pour celle-ci qui est la plus arrachante de l’album… Je crois que l’instant chevreuil se finit là dessus. 
Maintenant c’est plus ou moins dans l’ordre. Le retour des deux nouveaux se fait sur Baby SealI Sometimes Put Some Water On Some Stuff, j’adore, j’adhère, le public de choupinou aussi, c’est vraiment du Cocoon, très mélancolique, très lent, très en retenu. Je pense que la douceur du morceau fait que même à plusieurs l’alchimie passe. Viens le If You Feel Like A Liar, c’est THE tube, les gens se réveillent dès le premier accord et chante, alors qu’avant c’était plus passif, plus dans l’écoute. Il faut s’imaginer une salle qui entonne un BE OOOOOOOOOK BE OOOOOOOOOK en cœur, à chaque fois ça prend aux tripes de voir des gens qui sont happés par la musique. La déprime des repas en solo expliquer par les deux et toujours très drôle : de l’art d’être tristes tout en disant des conneries (ou l’inverse au choix). Microwave and meal for one c’est encore du cocon, tout calme, tout triste tout pleurnichard, sans être péjoratif, là encore le public est très réceptif, moi je commence à avoir des fourmis dans les jambes : la set list s’allonge ou je rêve ? ET LÀ c’est MON moment, MA chanson : I’ve Been Hunting Bears (ça me rappelle Radiohead, va savoir pourquoi). Owls, qu’ils soient 2, 4, 12, 28, je crois qu’elle est et restera l’apogée de l’album et des concerts. Tout est parfait dans ce morceau, ce que je ressens, ce que je comprends. La voir incarnée c’est toujours encore mieux, ça appuie l’intensité. La larme pointe. Qui n’a jamais rêvé de faire de la varappe pour se retrouver seul en y laissant des phalanges ? Les premières notes de Cliffhanger font tilt chez mon amie, parce que c’est sa préférée, silence radieux. Morgane devient Hélène qui regarde les garçons répéter dans le local : feel like a pop corn. Avant de commencer le contexte nous est précisé et si l’on aime pas le yéyé on a le droit de le dire à la fin. Dansant, rigolo, léger, mais y a un insatisfait qui se verra interdit de concert de Cocoon à viiiiiiiie par Mark. Le décollage de la machine avec Take Off, nous sommes tous mort dans un accident d’avion et nos oreilles se laissent bercées, tout le monde est un peu patraque parce que la fin arrive à grand pas. La fin de ce festival de douceur, un peu trop pyrotechnique par moment un peu trop scénarisé, croule sous des tonnes d’applaudissements.

Dans les rappels : Trough The Monsoon, The Best I Can, Chupee, Hey Ya. Toutes impeccables, bien emmenées dans une électricité palpable, ça m’énerve tout est trop éphémère.

Ce concert, n’est pas le meilleur, pas le pire, je pense qu’il y a une chose, c’est que la nouvelle formule est trop bouleversante. J’aimais avoir l’impression d’être face à un petit peu de fragilité, maintenant tout est assit, assuré, j’ai parfois l’impression de m’éloigner de l’essentiel. Il me faudra quelques dates pour digérer et peut être apprécier totalement ce bouleversement, avoir à entendre le CD avec juste des gens qui le joue. Oublier les vacillants débuts pour reconnaître une maturité et un public (groupies incluses) en plein boum.

samedi 15 novembre 2008

Viðrar Vel Til Loftárása (Zenith - 15 novembre 2008)

Sigur Ros, épisode 4, ou comment passer du très bon au moyen. Un show hyper calculé, une musique dénaturée, un public néophyte... Que penser d'un de mes groupes préférés...

Un samedi sous le signe de l'expectative. Comme d'habitude, mon cher époux ne m'a pas appelé avant 16h et comme il avait les places j'ai eu le loisir de me faire des films : "il va me laisser tomber" "il a du se faire écraser par un bus" "il pense que je suis pas à Paris". Et pour me calmer quoi de mieux que de me frustrer en regardant Heima (THE DVD de Sigur Ros) qui montre des endroits paumatoires en Islande avec en soundtrack les musiques du groupe. Donc une fois l'appel reçu je m'exile à l'autre bout de Paris, direction le Zenith du Parc de la Vilette. C'est loin, chiant et pas une bonne salle. M'en fiche je vais voir un de mes groupes préférés... Que d'habitude je vois soit à l'Olympia, soit dans un cinéma (haha).

Nous voilà aux abords de la salle, anxieux parce que nous voulons éviter une vielle connaissance ennemie. M'enfin on s'engouffre sans trop de mal dans ce bunker et on slalome pour arriver au merch' (comment ça fait in de raccourcir les mots), d'un stand à l'autre je décide de m'acheter un sweat shirt avec un dessin très Sigur Rossien. En plus c'est un American Apparel. Bref on va dans la fosse avec nos cookies : faut bien se nourrir avant de vivre des émotions fortes. J'essaie mon pull, j'enlève mes moufles islandais. On se met sur la droite en face de la scène, côté Stefan Olsdal (bassiste de Placebo, toujours à droite). Il y a plein d'indie boy avec une barbe et l'air coolos pas trop négligé non plus, et aussi... des gothiques. Pouah ! Mon père avait peut être raison on dirait que ça attire les dépressifs suicidaires. Le temps de ricaner en reparlant de conneries. De nous déshabiller : il fait très chaud, voir trop chaud... et le concert commence.

Il est 19h40. C'est un groupe islandais (comme par hazard) pas Aminaa : on rompt déjà les habitudes. Avant c'était 4 jeunes islandaises avec des violons, contre basses, enfin un quatuor à cordes. Là c'est un groupe - For a Minor Reflection - un peu dans la même veine que Sigur Ros : du post rock. Sympa, rapide, expédié, ils nous racontent qu'ils sont passés de 50 pecnauds en Islande à des milliers de personnes en Europe. Le set se finit très rapidement, c'était cool mais pas du tout mémorable. Un peu déjà entendu... Vu que ça s'apparente à la tête d'affiche. Les lumières se rallument, quelques essais micro, quelques petits réglages et c'est reparti pour un tour.

Il est 20h30 quand le groupe fait son apparition sur scène... Costumés, maquillés. Ah ? Encore un changement on a troqué des tenues d'une simplicité déconcertante pour des tenues affriolantes, des maquillages, des bonnets compliqués. Bien entendu tout le monde applaudit, mais ça gâche déjà la première chanson à savoir Sven-g-Englar (de l'album Agaetis Byrjun, deuxième opus du groupe). Cette chanson commence avec des bruits de sonar, c'est donc crucial d'avoir un minimum de silence. Mais bon je n'en veux pas au 6 398 autres personnes (moins moi et mon époux) d'avoir ovationner l'arrivée du groupe. Un peu rude comme départ, j'aime bien attendre avant d'avoir mes morceaux préférés ça laisse un semblant de suspens, d'autre part cette chanson est très calme, posée, à savourer. Donc voilà. Les chansons se succèdent. Je suis incapable de donner les noms exacts des chansons étant donné que les noms sont à rallonges et surtout en islandais. Bref, c'est surtout des chansons des deux derniers albums Takk et Med Sud I Eyrum Vid Spilum Endalaust. On a en vrac : un Hoppipola très enjoué, très suivit (même qu'ils nous font chanter), un Saeglopur mignon. Ce qui est gonflant c'est que c'est tout en son et lumière. Là encore c'est bizarre : on a des canons à confettis, un rideau de pluie, des gros lustres en boule de papier, des scintillements de partout... Mais pourquoi ? Pour qui ? Le final c'est le single Globibook qui explose en confettis, en surexcitation, en lalalalalalalaaa général. Puis après une méga ovation, un rappel de deux chansons avec tout de même Untitled 8 (de l'excellent (), le meilleur opus). C'est extrêmement frustrant de voir tout ça.

Mon avis sur ce concert est très cinglant : j'ai pas ressentit de frissons, j'ai même pensé à Véronique Sanson, à Mylène Farmer, à Johny... Je trouve ça passable. Mais j'ai définitivement perdu les sensations liées à des salles plus cosies, plus propices à cette musique qui doit avoir un son parfait pour se déployer. Je trouve que les membres en font presque trop afflubés de ces costumes. Je déteste les gens qui passent leur concert à prendre des photos, alors que nous essayons de regarder au dessus des têtes. J'aime pas non plus les incultes qui applaudissent alors que c'est juste une pause dans un morceau.

Bref je suis vraiment déçue.

vendredi 31 octobre 2008

I ALWAYS HAD A VOICE BUT NOW I AM A SINGER (Café de la Danse – 28 octobre 2008)

Un homme timide limite autiste, le tout saupoudré d’un univers poétique mêlant humour, cynisme et mélancolie.

Arrivée en retard comme à mon habitude, me voilà en compagnie de deux amies pour assister au concert de Teitur. Speedées par le temps et l’angoisse de ne pas être assises, on se précipite passage Louis Philippe qui donne sur la fameuse rue de Lappe. On se présente au guichet, on récupère nos places. J’ai un « crush » pour le lieu. La salle, bien située au cœur de Paris près de Bastille, offre un cadre parfait pour découvrir de nouveaux talents : une structure en théâtre qui rappelle la salle de Chaillot, on est assis, patients et l’oreille tendue. Nous arrivons donc à poser nos fripes et nous mêmes sur des marches, nos places sont excentrées mais proche de la scène. Véritable coup de bol puisqu’on arrive pendant Dawn Kinnard et que la salle est plongée dans le noir. C’est frais, elle a une allure très Duffy (cheveux blonds décolorés, tailleur 60s rouge) et une voix un peu à vif, très écoutable mais « déjà vu ». A la pause les lumières se rallument, ambiance feutrée, public très calme. La formation de musiciens reste la même, sauf que la voix est celle de Teitur. Il arrive tout recroquevillé, avec un pantalon trop large qu’il remontera plusieurs fois pendant son show, un gilet et une chemise très simple. Il enchaîne les chansons, avec des prises de paroles un tantinet chétives « if you play in major it’s cool but in minor it’s sad » (si vous jouez en majeur c’est cool, dynamique mais en mineur c’est tout de suite triste). La force de cet insulaire (originaire des îles Feroes) est de revisiter des sujets parfois lourds sans les rendre pathos… Il dédicace une des premières chansons à un ami musicien décédé il y a trois ans. La chanson semble évoquer un mec paumé que ses proches n’arrivent plus à aider, un peu dur et personnel. Pourtant le rythme est là et cette voix qui part dans tout les sens… Parfois on sent des longueurs car les chansons sont très longues et les changements de rythme au sein même des chansons sont bizarres, mais la voix si particulière (il me rappelle Rufus Wainwright) charme mes oreilles me faisant oublier tout le reste. Le concert se finit sur les deux chansons que je connais le mieux : The Singer qui parle d’un chanteur qui ne comprend pas ce qui lui arrive et Catherine The Waitress (premier single) qui ne laisse personne indifférent, on tape dans les mains, on gesticule assis sur nos petites marches. Glas de la fin, il s’en va comme il est arrivé tout timide, les yeux vissés au sol. Roulement de tambour, le sol vibre, le groupe revient pour un titre en danois ou islandais. Trop mignon ça me rappelle l’Islande. C’est la fin, c’était un bon moment, c’est à revoir.

Myspace : www.myspace.com/teitur

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