vendredi 27 mars 2009

Un jour, je parlerai moins jusqu'au jour où je ne parlerai plus …

Il y a quelques jours, une éternité, que le grand poète Alain Bashung nous a quitté. Dernier bastion d’une verve verbale savamment maîtrisée, il aimait déranger nos petits esprits avec des textes emprunts d’une mélancolie noire. 

Pendant des années, il a connu les galères des artistes en herbe mais une oreille avisée tombe sur Gaby Oh Gaby et c’est le décollage. Il traverse les années se faisant discret de sa personne, laisse en pâture des morceaux d’une force inouïe. Petite dans les années 90, j’ai connu tout ses succès (Gabby, Ma Petite Entreprise, Madame Rêve...), avec une grande tendresse pour La Nuit Je Mens qui a bouleversé mon idée de la chanson française. Vacillant, Bashung manie les mots avec une dextérité qui lui est propre ne laissant pas indifférent qui l’écoute. Les professionnels lui reconnaissent un talent incomparable. Hériter des poètes d’antan on le couvre de récompenses diverses.

En 2008 il revient malade, atteint d’un cancer. N’en déplaise, ses textes de Bleu Pétrole sont égaux à ceux que l’on connaît. Résident de la République passe tout le temps à la radio, le « chais pas pas pas » résonne dans ma tête. Pour les Victoires de La Musique, c’est un homme affaibli mais sur ses deux jambes qui se voit recevoir 3 prix (artiste masculin de l’année, l’album de l’année, meilleure tournée). Bashung accède ainsi au Panthéon : 11 victoires pour une carrière. Le plus primé de tous nous fait part en direct de son émotion, silence autour, probablement la dernière apparition du poète à la TV.

Puis les dates s’annulent une à une, son état de santé se détériore. Un ami m’a dit l’avoir vu parlé à Matthias (Dyonisos) et lui dire qu’il faisait trop froid, qu’il fallait se couvrir. Il se sentait partir au dire des proches. C’est donc entouré de ses proches qu’il nous a quitté… Laissant derrière lui un sentiment amère d’inachevé, un grand vide à combler.

S’il a fait la saison dans cette boîte crânienne, il nous laisse danser avec des malentendus.

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